Mal de Dos et grossesse

Échographies prénatales
Dr Charley Cohen

GROSSESSE

Tout au long de votre grossesse, votre médecin, ou l’équipe médicale que vous avez choisie, vous informeront des principales étapes de la grossesse : inscription à la maternité de votre choix, examens à réaliser, échographies des 1er, 2e et 3 trimestres de grossesse, consultations médicales et préparation à l’accouchement.

MAL DE DOS ET GROSSESS

 

9 mois sans douleur
9 Conseils

Le dos de la femme enceinte

  1. Faire des exercices de respiration et d’étirement.
  2. Dormir sur un matelas ferme de préférence sur le côté gauche.
  3. Ne pas porter de charge lourde.
  4. Apprendre à se baisser en gardant le dos bien droit.
  5. Éviter les positions debout et assise prolongés, penser à bien s’asseoir.
  6. Prendre conscience de la bascule du bassin pour atténuer la cambrure lombaire excessive.
  7. Éviter les exercices traumatisants et les sports de contact ou à risque de chutes et de chocs sur le ventre.
  8. Éviter de prendre trop de poids.
  9. Éviter de porter des chaussures à talons trop hauts.

Pendant la grossesse, les femmes souffrent souvent de douleurs lombaires, de la fesse, et même plus rarement de sciatique.

Chez la femme enceinte, les douleurs débutent le plus souvent de façon insidieuse au cours du deuxième ou du troisième trimestre.

Ces lombalgies peuvent retentir sur les activités de la vie quotidienne et perturber le sommeil.

  • Par contre, la lombalgie chronique n'interdit pas la mise en route d'une grossesse mais doit être traitée avant.


I - Pourquoi la grossesse favorise-t-elle le mal de dos ?

La prise de poids n’est pas seule responsable de ces douleurs lombaires.

Interviennent également, et surtout, l’hyperlaxité des ligaments, la distension et l’hypermobilité des articulations sacro-iliaques (dues en grande partie à l’imprégnation hormonale), ainsi que la distension de la paroi abdominale avec relâchement des muscles abdominaux. De plus, au cours de la grossesse, le développement de l’utérus, le poids du bébé et le relâchement de la sangle abdominale déplacent le centre de gravité vers l’avant. Pour compenser ce déséquilibre corporel, la cambrure lombaire naturelle s’accentue : c’est l’hyperlordose de la femme enceinte favorisant les douleurs lombaires par souffrance des petites articulations postérieures des vertèbres.

D’autre part, des seins trop volumineux pendant la grossesse « pèsent lourd » et peuvent être responsables de douleurs dorsales et cervicales.

Des douleurs lombaires ou du coccyx peuvent survenir dans les suites de l’accouchement. Les efforts, les mauvaises postures et les microtraumatismes lors du travail, sollicitent beaucoup la colonne vertébrale mal préparée de la mère.

On retient une association, certes controversée, entre lombalgies du post-partum et anesthésie péridurale.

  • Si les lombalgies sont fréquentes au cours d’une grossesse, en revanche les sciatiques par hernie discale sont rares.


II - Un examen clinique minutieux

Un interrogatoire et un examen clinique s’imposent, car une femme enceinte n’est pas à l’abri d’un rhumatisme inflammatoire ou d’une pathologie infectieuse, voire tumorale. Il faudra également éliminer une douleur piège, dite « projetée » d’origine non rachidienne et en premier lieu d’origine rénale.

Les radiographies simples et le scanner doivent être évidemment évités en raison du risque d’irradiation que subirait le fœtus.

  • Il faut éliminer devant une douleur lombaire ou de la fesse au cours de la grossesse et après l’accouchement une algodystrophie de hanche, une nécrose de la tête du fémur ou une infection des articulations sacro-iliaques (intérêt de la résonance magnétique).


III - Les traitements autorisés pendant la grossesse

Un médecin qui suit une femme enceinte pour une lombalgie doit absolument respecter certaines règles et éviter de prescrire des médicaments qui pourraient se révéler nocifs pour le bébé.

  • Le paracétamol reste l’antalgique (antidouleur) de référence au cours de la grossesse. Il peut être prescrit sans aucun risque chez la femme enceinte et pendant l’allaitement.
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l’Aspirine à dose supérieure à 500 mg par jour, sont, en principe, déconseillés pendant la grossesse.

De plus, toute prise d’AINS interdite pendant le dernier trimestre de la grossesse expose le fœtus à une toxicité cardio-pulmonaire, notamment à une fermeture prématurée du canal artériel, et à une toxicité rénale.

  • Les injections locales superficielles au niveau des points douloureux permettent de calmer rapidement la douleur. Elles sont constituées d’un mélange d’anesthésique local et d’une faible dose d’un corticoïde d’action rapide. Elles sont sans aucun risque chez la femme enceinte.
  • Une manipulation vertébrale peut être pratiquée, si elle est justifiée, par un spécialiste compétent et entraîné à cette technique, toujours avec prudence et douceur.

La manipulation du coccyx avec massages des muscles releveurs de l’anus peut être très efficace en cas de douleur du coccyx survenue après un accouchement.

  • Le repos au lit peut être nécessaire en cas de crise aiguë, mais de préférence de courte durée. Il faut maintenir une activité minimale et éviter les immobilisations prolongées qui s’avèrent plus nocives qu’efficaces.
  • Les massages manuels doux et les sources de chaleur sont un bon complément dans le but de décontracter les muscles.
  • La kinésithérapie se pratique une fois l’épisode aigu passé et doit être orientée vers la reprise des activités. Les exercices respiratoires et d’étirement sont très bénéfiques.

L’électrothérapie risque de léser le fœtus et est donc contre-indiquée.

La grossesse est une raison supplémentaire pour ménager son dos et adopter de bonnes habitudes au quotidien.

  • La pratique régulière d’un programme d’exercices simples avec contrôle du bassin, renforcement musculaire, étirements et prise de conscience de la respiration sera bénéfique. Il faut cependant éviter les abdominaux à outrance qui peuvent fragiliser le périnée (zone musculaire entre le vagin et l’anus).
  • De même une activité sportive raisonnable, à un rythme modéré, est conseillée : gymnastique aquatique, stretching, yoga, marche, nage sur le dos et  pas la brasse classique ou vélo d'appartement. Il faut bien entendu éviter les sports pouvant être à l’origine de contacts brutaux, de chutes ou de chocs sur l'abdomen: ski ou roller, équitation, vtt, sports de balles ou de combat, aérobic, tennis, plongée sous-marine et alpinisme.
  • De plus, pendant la grossesse, il faut éviter de porter des chaussures à talons trop hauts et de prendre trop de poids.
  • Une alimentation riche en calcium et une supplémentation en vitamine D est recommandée.

Chez la femme enceinte, l’insuffisance en vitamine D est fréquente et de plus, les besoins augmentent. Ce déficit en vitamine D peut être associé à un risque plus élevé de pré-éclampsie qui s’exprime par une hypertension artérielle chez la femme enceinte, un retard de croissance du fœtus et un accouchement prématuré. Concernant le sida, les mères séropositives carencées en vitamine D ont un risque accru, 2 fois supérieur, de transmettre le vih à leurs enfants in utéro et lors de l’allaitement.

Un mois environ après l’accouchement, il est recommandé de pratiquer la gymnastique de l’après-grossesse spécifique, sous contrôle du kinésithérapeute, afin de remettre en état les muscles du dos et la sangle abdominale affectés par la grossesse. Cette gymnastique sera néanmoins précédée d’une rééducation du périnée destinée à tonifier les muscles du petit bassin et à prévenir, à long terme, des incontinences d’urine et des descentes d’organes.

Chez la femme enceinte, la lombalgie est fréquente et peut se prolonger après l’accouchement. Un traitement précoce et efficace ainsi qu’une prise en charge « globale » permettent d’éviter l’apparition des formes chroniques souvent responsables de dépression réactionnelle.

  • Après l’accouchement, la jeune mère doit protéger son dos quand elle s’occupe du bébé : pour l’allaiter, le soulever, le porter et procéder à sa toilette.

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